Construire circulaire : retours d’Earth Action sur le 90e LCA Forum

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Marguerite Fauroux

Published: 

27 mai 2025
Image of buildings in construction.

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Est-ce que tu peux brièvement te présenter et décrire ton rôle chez EA ?

Je m’appelle Marguerite, je suis analyste environnementale chez EA, où je travaille sur la quantification des bilans carbone, la réalisation d’analyses de cycle de vie (ACV) et la définition de stratégies climatiques pour accompagner les entreprises dans leur transition. J’ai une formation en sciences de l’énergie et durabilité de l’EPFL. Pendant mon parcours, j’ai pu mener plusieurs projets autour de ces thématiques, notamment sur le rôle de l’hydrogène en Suisse ou encore la conception d’outils pédagogiques sur l’énergie.


Pourquoi participer au LCA Discussion Forum ?

Le LCA Discussion Forum est un lieu d’échange unique entre chercheurs, professionnels et acteurs publics autour des défis liés à l’analyse du cycle de vie (ACV). Chaque édition aborde un thème d’actualité, et cette session, c’est la construction circulaire et le réemploi qui étaient au cœur des discussions. Pour nous, c’était une opportunité précieuse d’échanger avec d’autres acteurs confrontés aux mêmes enjeux : comment intégrer concrètement la circularité dans les projets, comment faire évoluer les outils, et surtout, comment traduire les avancées scientifiques en pratiques opérationnelles. Cette passerelle entre théorie et pratique fait toute la valeur du forum pour des acteurs comme EA.


Qu’est-ce qui t’a marqué dans les présentations de la journée ?

Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est la richesse des points de vue et leur complémentarité. Les interventions ont mis en lumière un message fort : pour que le réemploi devienne une pratique généralisée, il ne suffit pas d’optimiser à la marge – il faut repenser en profondeur nos manières de concevoir, planifier et construire.

Par exemple, la Ville de Zurich a présenté un projet de crèche et de centre de tri intégrant des matériaux issus du réemploi. Leur retour d’expérience illustre bien le bouleversement que cela implique : il ne s’agit plus de concevoir un bâtiment puis de choisir les matériaux, mais d’identifier en amont les matériaux disponibles (issus de chantiers de déconstruction) et d’adapter le design en conséquence. Ce renversement de logique demande de l’agilité, de nouveaux outils, et une coordination accrue à chaque étape.

Un autre thème fort était celui des outils numériques nécessaires pour faire du réemploi une réalité à plus grande échelle. On a beaucoup parlé des passeports numériques des bâtiments :

  • pour les bâtiments neufs, ils permettent d’enregistrer les caractéristiques des matériaux utilisés dès la conception ;  
  • pour les bâtiments existants, l’enjeu est d’identifier ce qui pourra être réutilisé à terme, et dans quelles conditions.  

Une initiative européenne, Construct X, rassemble déjà plusieurs industriels pour définir des standards autour de ces passeports numériques. Côté recherche, des laboratoires développent des outils basés sur l’IA pour cartographier le bâti existant à partir de cadastres, d’images satellites ou de photos de rue, afin d’anticiper le potentiel de réemploi à l’échelle du territoire.


Quels éléments de discussion en sont ressortis ?

Plusieurs thématiques ont émergé des échanges :

  • Repenser la conception pour intégrer le réemploi dès l’amont  : cela suppose un changement de paradigme. On passe d’une logique classique – « on conçoit, puis on achète les matériaux » – à une logique inverse : « on identifie les matériaux disponibles, puis on conçoit autour ». Cela pose des défis en termes de planification, de logistique, de réglementation, mais aussi de culture métier.  

  • Les limites physiques du réemploi : plusieurs intervenants ont souligné que, dans certaines régions, le rythme de croissance du parc immobilier est plus rapide que celui des démolitions. Cela signifie qu’il n’y aura pas suffisamment de matériaux de réemploi pour répondre à toute la demande. Le réemploi ne pourra donc pas être le seul levier pour décarboner le secteur: il faudra le combiner avec la rénovation, l’allongement de la durée de vie des bâtiments, et l’optimisation des ressources.  

  • La question de l’interopérabilité des données à long terme : si l’on crée aujourd’hui des passeports numériques pour des bâtiments qui seront peut-être démolis dans 60 ou 100 ans, comment s’assurer que les données resteront accessibles, lisibles et exploitables ? Cela pose des enjeux techniques, bien sûr, mais aussi stratégiques pour garantir la traçabilité environnementale sur le long terme.  


Ces discussions ont confirmé à quel point le sujet de la circularité est à la fois une opportunité forte pour atteindre les objectifs climatiques, et un chantier collectif qui nécessite de faire évoluer les pratiques à tous les niveaux.

Prenez contact avec Earth Action pour vous accompagner dans la mise en œuvre de stratégies bas carbone, ou le déploiement d’outils comme les passeports numériques. Ensemble, transformons vos ambitions en actions concrètes.

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EA – Earth Action

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1004 Lausanne Suisse

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