Des limites du GHG Protocol aux obstacles des actions : retour d’expérience

By: 

Danae Bataillard

Published: 

27 August 2025

Published

Share

By email
On LinkedIn

Chez EA Earth Action, nous accompagnons les entreprises dans l’évaluation de leur empreinte carbone et la construction de feuilles de route de décarbonation ambitieuses et réalistes.

Si la mesure des émissions constitue la première étape d’une stratégie climatique, elle ne garantit pas, à elle seule, la mise en place d’actions réellement efficaces. Dans certains secteurs, les méthodes standard (comme le GHG Protocol) montrent leurs limites, et la définition d’actions concrètes se heurte à des contraintes technologiques, économiques ou liées aux comportements externes.

À travers notre expérience auprès d’une entreprise de gestion et traitement des déchets, nous analysons ici deux difficultés majeures :

  • Des bilans carbone qui ne reflètent pas toujours la réalité opérationnelle et le champ d’action réel de l’entreprise ;
  • Des trajectoires de réduction parfois difficiles à traduire en actions concrètes et spécifiques.

Les étapes clés d’une feuille de route de décarbonation

Illustration d’une feuille de route climatique montrant les limites du GHG Protocol et les obstacles à la mise en œuvre d’actions concrètes dans le secteur des déchets.

Pour construire une trajectoire de réduction crédible il est nécessaire de :

  • Mesurer l’empreinte carbone sur les Scopes 1, 2 et 3 selon la méthodologie du GHG Protocol.
  • Fixer un niveau d’ambition pouvant être aligné sur la science, par exemple via les Science-Based Targets (SBTi).
  • Définir et modéliser les actions nécessaires pour atteindre les objectifs fixés

Cependant, appliquer ces étapes de manière standard ne suffit pas toujours à garantir une stratégie réaliste et efficace.

Les limites des bilans carbone

Un périmètre qui ne correspond pas toujours au champ d’action réel : Le GHG Protocol définit un cadre précis pour mesurer les émissions sur les Scopes 1, 2 et 3. Toutefois, dans certains secteurs, ce périmètre inclut des postes d’émissions qui ne sont que partiellement sous le contrôle de l’entreprise.

Pour une entreprise ne vendant pas de produits mais fournissant des services — comme dans le secteur des déchets — une part importante des émissions est liée au traitement en fin de vie des produits. Or, ces impacts résultent de son activité de gestion et, même si l’entreprise peut tenter de valoriser les déchets, la majeure partie des émissions provient en réalité des étapes de conception, de fabrication et d’utilisation des produits. Sur ces étapes amont, son influence est très limitée.

Ce décalage peut conduire à attribuer à l’entreprise des émissions importantes sur lesquelles elle ne dispose pas de leviers directs.

Notre réponse : pour éviter cette confusion, nous avons créé un Scope 4 spécifique dédié au traitement aval, permettant de distinguer les émissions maîtrisables de celles qui dépendent de transformations systémiques ou d’autres acteurs économiques.

Difficultés dans le développement d’actions efficaces

Même lorsque les postes d’émissions sont correctement identifiés, la traduction en actions concrètes pose souvent problème, pour plusieurs raisons :

  1. Dépendance à des acteurs externes : Certaines actions nécessitent une évolution des comportements des consommateurs ou des choix industriels des fournisseurs (par exemple, la réduction des emballages). Ces évolutions peuvent être influencées par des politiques publiques et nécessitent alors un soutien institutionnel, notamment de la Confédération suisse.
  2. Limites technologiques : Certaines solutions bas-carbone, comme le remplacement de véhicules fonctionnant aux énergies fossiles par des modèles électriques, ne sont pas encore disponibles pour tous les types d’usages. Certains véhicules spécialisés n’existent tout simplement pas encore en version électrique ou bas-carbone.
  3. Contraintes économiques : Le remplacement de véhicules thermiques ou d’équipements industriels par des alternatives bas-carbone représente encore un investissement important pour de nombreuses entreprises. Pour que celles-ci puissent réellement réduire leurs émissions de Scopes 1 et 2, des politiques de soutien financier doivent être mises en place.
  4. Une focalisation sur le seul indicateur CO₂ : Se baser uniquement sur l’impact carbone pour prioriser les actions peut conduire à négliger des leviers essentiels. Dans le recyclage, par exemple, certaines mesures peuvent présenter un gain carbone limité tout en ayant un impact majeur sur la préservation des ressources, la réduction de la pollution ou la circularité des matériaux. Une stratégie efficace doit donc intégrer des indicateurs environnementaux complémentaires pour orienter les choix.

Notre réponse : Dans l’élaboration de trajectoires de décarbonation, nous veillons à ce que les actions proposées soient réalistes et directement applicables par l’entreprise. Cela peut passer, par exemple, par le remplacement ciblé de certaines machines ou par l’optimisation des procédés existants, afin de réduire les émissions de Scopes 1 et 2.

Nous intégrons également un scénario “idéaliste”, qui explore l’ensemble des actions théoriquement possibles à moyen terme, même si elles nécessitent des conditions favorables (innovations technologiques, soutien financier). Ce scénario permet d’évaluer l’impact maximal atteignable et de visualiser les émissions résiduelles, même dans un futur optimisé.

Enfin, au besoin, nous analysons également d’autres impacts environnementaux des actions prévues ou déjà mises en place, afin d’obtenir une vision plus complète de leur pertinence. Nous pouvons également réaliser des projets Reffnet, le réseau suisse pour l’efficacité des ressources, qui aide les entreprises à optimiser leur consommation de matières et d’énergie tout en réduisant leur empreinte environnementale globale.

Conclusion

Évaluer l’empreinte carbone d’une entreprise est une étape essentielle pour bâtir une stratégie climatique solide, mais ce n’est que le point de départ. Sa véritable utilité réside dans la capacité à en tirer des actions spécifiques, réalistes et adaptées aux leviers réels de l’entreprise.

Chez Earth Action, nous cherchons à comprendre les spécificités de chaque organisation pour, lorsque nécessaire, adapter le cadre méthodologique du GHG Protocol et mieux mettre en valeur les émissions réellement influençables. Notre objectif : dépasser le diagnostic pour bâtir des trajectoires de réduction robustes et applicables dans le monde réel.

Pour aller plus loin, découvrez notre catalogue : un guide complet des services en durabilité que nous proposons pour accompagner votre entreprise dans sa transition.

Vous souhaitez transformer votre empreinte carbone en feuille de route de décarbonation concrète ? Contactez Earth Action à contact@e-a.earth ou visitez www.e-a.earth pour découvrir comment nous pouvons accompagner votre stratégie.

Share

By email
On LinkedIn

Read more

EA publications cover pressing environmental topics offering new research and actionable guidance to equip businesses, NGOs, regulators and sustainability professionals with data and insights that lead to direct action. 

July newsletter 2025

News, stories and insights 31th of July 2025 12 essential reads ahead of the Geneva negotiations As delegates head to

EA – Earth Action

Lausanne, Switzerland

Ch. des vignes d’argent 7

1004 Lausanne Suisse

Stay informed

Subscribe to receive the latest research, insights and news from EA

For additional information on how to unsubscribe, our privacy practices, and how we are committed to protecting and respecting your privacy, please review the EA Privacy Policy.