Le lancement de la plateforme PLASTEAX a été annoncé aujourd’hui par Environmental Action (EA), organisation suisse à l’expertise mondialement reconnue sur le sujet des impacts de la pollution plastique et représentante de la Suisse au sein du European Network of Ecodesign Centres (ENEC). La plateforme permettra une transparence inédite sur les chiffres en lien avec la gestion des déchets plastiques et la fuite de ces derniers dans l’environnement en divulguant des données non seulement pour tous les pays mais également spécifiques par polymère. PLASTEAX a pour ultime objectif de donner aux acteurs en place les meilleurs moyens pour agir sur la pollution plastique.
Afin d’accélérer la mise en place d’actions concrètes, des données précises et transparentes sur la gestion des déchets plastiques au niveau des pays et des polymères sont nécessaires. Actuellement, les meilleures données disponibles pour évaluer la gestion des déchets plastiques s’appuient sur des données moyennes qui ne sont ni spécifiques au plastique ou aux polymères, ni adaptées au contexte local de chaque pays. Ainsi, PLASTEAX a été créée pour améliorer la précision et la qualité des données relatives aux plastiques au fur et à mesure que de nouveaux outils et méthodes d’identification de la pollution par les plastiques apparaissent.
« Des données de haute qualité pour une vingtaine de pays figurent déjà sur la nouvelle plateforme, l’objectif étant de proposer des données de haut même niveau de qualité pour la moitié des pays du globe d’ici à fin 2021 », indique Julien Boucher, fondateur d’EA, auteur de 11 rapports sur la pollution plastique et co-fondateur de PLASTEAX.
Conscient de l’urgence de rendre ce type de données disponibles, PLASTEAX sera d’abord diffusée – grâce à une combinaison de financements publics, privés et citoyens – avec un modèle mixte de données gratuites et payantes de manière à couvrir le coût de développement de nouvelles données au sein de la plateforme.
« Il est déconcertant qu’en 2021, les informations sur la collecte, le recyclage, la mauvaise gestion des déchets, les taux d’exportation et de fuite de plastique ne soient pas facilement disponibles de manière standardisée, même pour les pays les plus développés. Ce manque de connaissances est un obstacle majeur à l’évolution vers la circularité », déclare Julien Boucher.
« Ce qui ne peut pas être mesuré ne peut pas être amélioré ; nous constatons que de nombreuses entreprises souhaitent, dans le cadre de leur démarche de circularité, avoir accès à des mesures et à des rapports fiables pour évaluer leur utilisation de plastique et leur gestion des déchets « , commente Cyrille Durand, responsable de l’initiative ‘Circular Plastics & Packaging’ au WBCSD.
La méthodologie* qui sous-tend la modélisation des données est issue de la publication « National Guidance for Plastic Pollution Hotspotting and Shaping Action », rédigée par EA et le cabinet de conseil en développement durable Quantis, et codéveloppée et gérée par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP) et l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Cette recherche a été pilotée en 2019-2020 dans 7 pays avec le soutien de l’UICN et de l’UNEP, permettant de valider l’approche méthodologique et de rendre les premières données accessibles gratuitement. « En tant qu’expert ayant participé au développement de diverses méthodologies sur la quantification de la pollution plastique, je suis impatient de rejoindre le comité scientifique de PLASTEAX et de renforcer le réseau de scientifiques, en contribuant avec les travaux antérieurs développés à l’Université de Leeds », déclare le Dr Costas Velis, maître de conférences en systèmes d’efficacité des ressources à l’Université de Leeds et expert en économie circulaire.
« Une des clés de l’adoption à grande échelle de PLASTEAX est une gouvernance indépendante et transparente, permettant une utilisation de la plateforme en toute confiance par les décideurs politiques, les scientifiques, la société civile, le grand public et les entités du secteur privé », ajoute Sarah Perreard, co-fondatrice de PLASTEAX.
« Nous espérons que PLASTEAX pourra être hébergé par des organisations internationales à l’avenir. »
« Malgré les améliorations apportées à la mesure et à la transparence de l’utilisation des plastiques au niveau des entreprises individuelles, il reste un manque évident de données cohérentes et accessibles au public sur les taux de recyclage et autres types de traitements des différentes catégories de plastique après utilisation. Cela représente un grand défi pour les entreprises, les gouvernements et les autres organisations qui ont besoin de ces données pour mesurer – et informer sur – l’impact de leurs stratégies visant à évoluer vers une économie circulaire pour les plastiques. Nous saluons les efforts tels que PLASTEAX, qui visent à combler cette lacune par le développement de nouvelles données accessibles au public sur le sort des déchets plastiques », commente Lily Shepherd, directrice du programme ‘Strategic Engagements and Measurement in the New Plastics Economy’ à la fondation Ellen MacArthur.
« Les données de base font défaut, ce qui entrave la capacité à rendre compte et à suivre les progrès », commente John Duncan, responsable de l’initiative « Zéro plastique dans la nature » au WWF International. « La publication en toute transparence de données clés est fondamentale pour améliorer la responsabilité des entreprises et des pays. Les initiatives visant à favoriser cela peuvent contribuer à construire les bases d’instruments importants tels qu’un traité mondial sur la pollution plastique. À plus long terme, ces informations (sur l’utilisation globale du plastique, la production, la gestion ainsi que l’importation et l’exportation des déchets, etc.) devraient être communiquées de la même manière que les émissions de gaz à effet de serre, de façon obligatoire et accessible au public. »
PLASTEAX est une initiative visant à catalyser le changement et à accroître la coopération entre toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur des plastiques grâce à de meilleures données, de la transparence et à la responsabilité.